Genappe est une petite ville wallonne au charme désuet entourée de ses villages, ses fermes et ses champs. Les lieux sont dominés par un fantôme de fer gris et bleu, une ancienne sucrerie, fermée et en partie détruite depuis 15 ans. Les vieux silos ombrent certains quartiers alors que la Dyle a oublié depuis longtemps l’odeur chaude et végétale des betteraves entassées non loin de ses eaux. Il est étonnant de voir coexister deux mondes dans cette région. Le premier est celui du changement, inexorable, impitoyable avec ses maisons neuves, ses brasseries chics et table d’hôtes pour bobos, son éco-quartier en devenir. L’autre semble figé dans le temps : ruelles bordées de petites maisons, façades lézardées et volets baissés, quelques commerces vieillots, une chapelle à ciel ouvert… tout ce qui faisait l’âme de cette ancienne cité ouvrière. Le premier phagocyte le deuxième ; l’ancienne population se diluant parmi les nouveaux arrivants toujours de plus en plus nombreux. Les Genappois de toujours, les «Chenappans » comme ils aiment se faire appeler, se font rares dans les rues. Mais en passant les portes d’un des plus vieux et singulier petit café, on retrouve le coeur de la ville, verre à la main, refaisant le monde au comptoir ou regardant à travers la fenêtre le Genappe, jadis si dépendant de la terre, changer et disparaître irrémédiablement…
